Amis théâtronautes
Le fardeau de Curosset (ou l'étrange histoire des possédées de Morzine) a connu ce week-end à Evian (29 et 30 septembre) ses deux premières
représentations.
Les comédiens, danseurs, chanteurs, techniciens et musiciens (60 personnes environ) ont ainsi investi le palais des festivités afin de remémorer au public
ce que fut la vie des hommes, et surtout des femmes, dans la haute vallée de la Dranse vers le milieu du 19ème siècle.
Le nombreux public, sans toutefois occuper toutes les places disponibles, a visiblement et auditivement parlant apprécié la performance.
Car il s'agit bien là d'une performance, d'une performance collective mieux d'une somme de performances plus ou moins individuelles...
Au premier chef celle de l'auteur, celle d'une création originale autour d'un évènement marquant pour le Chablais, évènement tombé peu à peu dans l'oubli. Il
suffirait de demander à nos contemporains, afin de vérifier cela, si ces derniers ont eu connaissance d'une pareille histoire dans la région pour s'apercevoir que non seulement la
réponse est négative, mais que s'en suit immédiatement un large étonnement !
Autre performance celle des
costumières, des techniciens, décorateurs, chanteurs et danseurs, sans quoi le réalisme de la situation ne serait pas perçut comme tel.
Enfin la performance du metteur en scène qui doit composer sans cesse entre calendrier et disponibilité. La coordination de toutes les protagonistes, chacun avec
son cortège d'exigence et de relationnel parfois tendus, motive une grande aptitude à la diplomatie.
L'orchestration d'un tel spectacle s'avère en définitive une tâche ardue et complexe. Croyez moi si je vous dis que préparer un spectacle d'une heure cinquante avec
60 intervenants sans la moindre fausse note est un réel challenge. Je dois ainsi vanter l'abnégation de Pierre Favre, largement salué comme il se doit par
Roland Hyacinthe. Non Pierre, Roland ne parle pas trop, et il a parfaitement raison de te saluer à ta juste valeur.
Seul petit bémol quant à la somme des énergies, des bonnes volontés et du travail accompli qui n'est pas toujours suivi comme il le faudrait par les
médias.
Hormis une radio et un seul article dans la presse locale, on ne peut pas dire que cette dernière eut peu ou prou perçut un intérêt à la chose... Dommage
!
Le sujet et le réalisme du spectacle, la période complexe et le lieu auraient du largement inspirer les médias.
Car la production d'un tel spectacle nécessite non seulement l'investissement de tous les intervenants, comédiens, etc... Mais aussi de toutes les bonnes volontés
qui peuvent relayer l'information, ne serait-ce qu'à titre d'encouragement.
Les médias ont largement leur place dans ce processus de communication, comme tous les tiers ayant pignon sur rue en acceptant les affiches que nous leur proposons.
Ils participent eux aussi à leur manière à la vie dans la cité et à la diffusion du savoir et de la culture !
Et puis en cette période de crise ou tout devient difficile, il faut comprendre, même si cela n'est pas et ne doit pas être notre leitmotiv, que tout à
malheureusement un coût. Entre location de salle, campagne d'affichage, messages radiophoniques, etc... Tout devient budget !
Toute la troupe tient à remercier à ce propos tous ces sponsors qui ont largement contribué à la réussite du spectacle.
Il n'en demeure pas moins vrai que notre seul salaire restera le plaisir procuré au public, notre seule satisfaction sera toujours d'entendre les
applaudissements, de ressentir les émotions procurées et de mesurer la joie partagée entre tous et toutes...
La joie d'avoir ouvert ne serait-ce qu'un seul instant une fenêtre sur notre passé ! La joie d'oublier quelques minutes durant, ce présent parfois
étouffant.
J'ai eu pour ma part de trés grosses émotions, plus particulièrement samedi soir au sortir du sermon et au moment du salut.
Ainsi le fardeau de Curosset relatant
notre passé, et bien que non natif de haute-Savoie, me permet il de saluer le combat et la dure vie de ces hommes et femmes de Morzine.
Ces femmes surtout, elles qui ont souffert dans leur corps et dans leur âme, ces femmes qui ne doivent en rien engendrer la moindre honte mais révéler au
contraire leur combativité, leur envie d'exister tout simplement !
A vendredi pour d'autres émotions !